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 Le général Hubert Camon l'exégète de Napoléon

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Jojo67
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Jojo67


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Le général Hubert Camon l'exégète de Napoléon Empty
MessageSujet: Le général Hubert Camon l'exégète de Napoléon   Le général Hubert Camon l'exégète de Napoléon I_icon_minitimeVen 3 Avr - 8:10

Je viens de lire ce texte écrit par Bruno Colson (voir le lien plus bas) sur Hubert Camon,  et j'avoue que j'ai été agréablement surpris.
Le général Hubert Camon l'exégète de Napoléon Ima_camon
Le général Hubert Camon (1855-1942) a beaucoup écrit sur Napoléon et il a notamment publié deux ouvrages majeurs pour analyser ses campagnes et ses batailles:
- La guerre napoléonienne. Les systèmes d’opérations, Économica, Bibliothèque stratégique, 1996.
- La Guerre napoléonienne, précis des campagnes (tomes 1 et 2)
Général Camon. Edité par Berger-Levrault, 1925
Réédité en 1999 par Tesseidre:
http://www.decitre.fr/livres/precis-des-campagnes-9782912259349.html
Je viens d'ailleurs de le commander...Wink  yeah !

Voici le texte intitulé "CAMON OU L'EXEGETE DE NAPOLEON":
http://www.institut-strategie.fr/strat_060_Colson_Camon%20Napoleon.html#Note13

Quelques passages de Bruno Colson sur Camon, pour donner une idée:

La critique de Clausewitz:
Camon plaçait Clausewitz au premier rang des classiques de la littérature militaire et considérait que son De la guerre et ses études de campagnes devaient être les livres de chevet de tous les chefs d’armée. Le premier apport de Clausewitz était sa prise en compte des "forces morales". Il avait eu raison d’écrire que la guerre n’était qu’une continuation de la politique par d’autres moyens : "On comprend, écrivait Camon, que les guerres doivent changer de caractère, suivant le but poursuivi et la trempe de l’adversaire, et qu’il est inutile de pousser la guerre jusqu’à sa limite logique : la destruction des forces ennemies, si l’adversaire cède auparavant ou si les sacrifices à faire pour arriver à cette fin sont hors de proportion avec le but poursuivi" 6. Le chapitre consacré par Clausewitz à la guerre comme instrument de la politique était d’après Camon "de tout premier ordre" et devait être médité par les hommes de gouvernement aussi bien que les généraux7.

Mais De la guerre n’était pas d’un abord facile. Sa forme "teuto-philosophique" décourageait le lecteur français et, de plus, l’ouvrage était inachevé. Impressionné par la campagne de 1812, Clausewitz avait conçu, selon Camon, "une malsaine inclination" pour une forme de guerre qu’il appelait "défensive-offensive". Clausewitz avait bien saisi le caractère de vigueur et de décision imprimé par Napoléon à la guerre. Mais il n’avait pas compris le procédé si simple par lequel Napoléon obtenait la démoralisation de l’ennemi : l’attaque enveloppante. Partisan du coup droit sur l’adversaire, Clausewitz aurait méconnu la part primordiale de la manœuvre chez Napoléon. Camon était particulièrement déçu par le "tableau d’une bataille moderne" de Clausewitz, où tout semblait se réduire à une affaire d’usure. "Depuis quand, lançait Camon, la théorie propose-t-elle en exemple les œuvres malvenues"8 ? Pour lui, Clausewitz était resté fermé aux admirables procédés de l’Empereur. La manœuvre, toujours la même, sur les derrières de l’adversaire, "qui crève les yeux", Clausewitz ne l’a pas vue9. Il n’a pas compris le principe essentiel de Napoléon, à savoir la marche initiale vers un point fixe choisi a priori sur la ligne de retraite de l’ennemi. Parmi les causes qui ont empêché Clausewitz de voir clair dans la stratégie napoléonienne, il y avait sa haine pour Napoléon. "La haine est une pauvre lumière pour voir clair dans les œuvres d’un génie" 10.

Camon avait réagi contre l’engouement dont avait bénéficié Clausewitz en France après 1870. Il n’acceptait pas l’idée que Clausewitz n’avait fait que rédiger la doctrine de guerre de Napoléon. D’ailleurs, dit-il, Clausewitz n’avait à sa disposition ni les ordres, ni les instructions de l’Empereur11. Pourtant Camon fut certainement un des meilleurs interprètes français de Clausewitz. Il avait voulu réagir contre une assimilation un peu trop hâtive entre celui-ci et Napoléon. En ce sens, son Essai sur Clausewitz avait été une œuvre de combat. Lorsqu’il réunira ses articles en un livre en 1911, son intention aura changé car, à ce moment, l’engouement pour le stratégiste prussien aura cessé. Camon voudra alors inciter les officiers français à lire Clausewitz12.

(...)
Le système d'opérations et de bataille napoléonien:
Le Précis de Camon se décompose en campagnes, en périodes et en actes. Ceux-ci correspondent généralement à des manœuvres. Le plan est annoncé au début de chaque campagne, après un exposé de la situation politique, de la situation militaire et des plans des adversaires. A l’intérieur de chaque période et de chaque acte, les événements sont alors décrits et analysés jour par jour. L’exécution est toujours rapportée à la conception. Un résumé clôt chaque campagne et reprend les procédés utilisés par Napoléon. Camon n’aborde ni la campagne d’Egypte ni celle d’Espagne : le point est à noter ; Camon n’étudie que la "grande guerre". Après le rappel des campagnes, sont développés, dans un deuxième volume de La guerre napoléonienne, les systèmes d’opérations17. Ce volume, s’il consacrait le plus grand nombre de pages aux grandes campagnes de l’Empereur, abordait aussi les théâtres secondaires comme l’Italie en 1805 et 1809, le Portugal, la Dalmatie, où opéraient, seuls, certains lieutenants de Napoléon. Ensuite viennent les batailles. Camon dit s’être efforcé de faire court et réaffirme son souhait d’être lu "afin de ramener le plus possible de camarades à l’étude trop négligée des batailles de Napoléon" 18.

L’essentiel de l’ouvrage se ramène à cette constatation : de même que Napoléon a seulement deux systèmes de manœuvre, la manœuvre sur les derrières et la manœuvre sur position centrale, il n’a aussi que deux systèmes de bataille, la bataille avec attaque tournante et la bataille sur position centrale ; la première est sa bataille favorite, comme la manœuvre sur les derrières est sa manœuvre favorite19. Napoléon avait un système favori de bataille, un plan idéal qu’il regardait comme le plus sûr et le plus économique pour arriver à la victoire. Aucune de ses batailles ne l’a peut-être entièrement réalisé, mais toutes en procédaient et quelques unes s’en approchèrent de très près. Ce plan idéal figure dans presque tous les ouvrages de Camon. Chez Napoléon, précise Camon, la bataille était stratégique : il ne visait pas seulement à gagner la bataille mais entendait, par elle, remplir un but stratégique qui était de décider la campagne en fermant toute retraite à l’ennemi20. Il savait que toute bataille était chanceuse et, pour ne pas s’y exposer, il préférait adopter la manœuvre sur les derrières dont l’objet était de se débarrasser de l’ennemi sans affaire générale21.

(...)
Les écrits de Camon ne sont pas restés inaperçus aux Etats-Unis. En 1939, le colonel Charles Andrew Willoughby reprenait ses analyses44. Dans sa conclusion, il montrait que le titre de son ouvrage, Maneuver in War, venait d’être amplement justifié par la Blitzkrieg allemande en Pologne : "Toute la campagne à l’Est a été une campagne de maneuvre - en écho aux grandes campagnes de l’histoire, celles d’Ulm, de Bautzen, de Königgratz - et une fois de plus l’histoire a pointé son doigt, pour ceux qui prennent soin d’ouvrir les yeux" 45 ! Bel hommage rendu à Camon, dont toute l’œuvre était basée sur la manœuvre ! Willoughby, pendant la guerre du Pacifique, devint général et fut mis à la tête de tout le service de renseignements de MacArthur. Il y exerça un pouvoir considérable et joua un rôle déterminant dans la conception des opérations46. Or, celles-ci consistèrent à plusieurs reprises en de gigantesques "manœuvres sur les derrières", dont la plus spectaculaire fut celle d’Hollandia en avril 1944. En février 1991, c’est en recourant au même type de manœuvre enveloppante que le général Schwarzkopf entreprendra de libérer le Koweit et de détruire l’armée irakienne. Or si l’armée américaine a su, à cette occasion, renouer avec sa tradition de manœuvre, c’est dû en grande partie à de nombreuses études doctrinales menées dans les années 1980, où certains officiers se sont efforcés de retrouver les grands principes de l’art opérationnel47. L’un de ces officiers s’est largement inspiré de Willoughby et a même reproduit le schéma de la bataille napoléonienne idéale que celui-ci avait repris… à Camon48.

Bref je sens que c'est du tout bon, tout ça! happy hour
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