La ferme de Derek est encore à plus d'une heure et demi de route et la jauge d'essence est depuis un moment dans le rouge,
et le carbu récupéré sur nos deux voitures a déjà servi à remplir le réservoir.
Nous allons finir par tomber en rade, en pleine nuit, au milieu de nulle part...
Et nul véhicule abandonné sur cette route de montagne.
L'inquiétude le dispute à la fatigue.
Jusqu'ici la chance nous a favorisé, mais cela ne devrait pas durer.
Nous n'avons que quatre armes de poing, peu de munitions, une batte et quelques couteaux: pas de quoi impressionner les péquenots du coin, forcément surarmé et peu désireux de partager leur essence avec des étrangers, même contre des dollars dont la valeur risque fort de chuter vu le contexte.
Les minutes s’égrènent dans un lourd silence, l'excitation de la fuite laisse place à l'angoisse, même si chacun tente de n'en rien laisser paraitre, l'adrénaline n'est plus pour y remédier.
...
Au détour d'une forêt dense, un panneau défraichi annonce un hameau.
La tension est palpable, chacun scrute la route devant, bordée par des sous bois obscurs de grands conifères...