CR A Most Fearful Sacrifice , Gettysburg

Juin 1863:
La Confédération est assiégée.
Le plan Anaconda l'enserre progressivement de tous cotés, plusieurs villes et territoires sont déjà tombés entre les mains des abolitionnistes.
Les armées du sud font chacune face à un ennemi supérieur en nombre.

Que faire ?

La victoire à Chancellorsville  l'armée de Virginie du Nord du général Lee représente la seule éclaircie parmi les mauvaises nouvelles .
Faut il prélever  des troupes de cette armée pour renforcer d'autres points vitaux menacés ?










Vicksburg vient d'être encerclée par le général Grant, doit on tenter de lever ce siège ?
Lee fait remarquer que l'été dans les marais du Mississipi est une saison insalubre, à laquelle ses hommes ne sont pas habitués.
Et puis il y a ce maudit général Grant qui avait déjà fait  échouer la contre offensive confédérée à Shiloh, l'année précédente...
Et les troupes du sud prélevées sur d'autres théâtres d'opération avaient permis aux yankees de s'emparer de certains points dégarnis.

D'autres suggèrent de reprendre La Nouvelle Orléans, le général Banks n'ayant pour seule qualité militaire que d'opprimer la population.







Ou plutôt attaquer l'armée de Rosecrans, en renforçant Bragg ?







La Confédération n'est qu'une association d'états, chacun préoccupés avant tout par sa propre situation, les relations personnelles entre Jefferson Davis et les différents généraux
sont parfois conflictuelles.
En conséquence, aucun transfert n'est décidé, chaque front devra faire avec ce qu'il a.

Lee conserve ses unités et ne peut rester sans rien faire: le temps jouant contre le sud.

Il prévoit une opération au coeur même du territoire yankee.
Les objectifs ne  sont pas vraiment définis: il est surtout question de vivre sur le territoire de l'Union, qui n'a pas subi les destructions de la guerre et est riche en agriculture,
 le ravitaillement sudiste étant  de plus en plus limité.

Et puis...qui sait, les yankees commettront peut être une nouvelle imprudence, comme à Chancellorsville, offrant à l'armée de Virginie du Nord l'occasion d'une nouvelle victoire !

Cette armée est gonflée à bloc par sa récente victoire, qui s'ajoute aux précédentes comme Frédéricksburg et Second Manassas, son moral est au plus haut.
Mais elle a perdu Jackson à Chancellorsville: la structure à deux corps, une enclume (Longstreetà et un marteau (Jackson) n'existe plus.
Lee conçoit une nouvelle structure à trois corps, Ewell et A P Hill commandant chacun un corps, avec celmui de Longstreet.
Mais ces nouveaux promus sont loin de valoir celui à qui ils succèdent.

Mais ce n'est pas tout: Stuart, le flamboyant général commandant la cavalerie, a essuyé un revers face à la nouvelle cavalerie yankee, son orgueil a été foulé aux pieds (aux sabots ?)
il veut prendre sa revanche.
Il propose de prendre avec lui les 3/4 des brigades de cavalerie pour un raid sur les arrières yankees.
Lee accepte.

[b]S'il ne s'agit que de fourrager en territoire ennemi, pourquoi pas créer du chaos chez les nordistes ?
Mais s'il devait y avoir bataille, il vaudrait mieux le garder avec soi pour éclairer l'armée.

Le problème est que Lee semble ne pas avoir de plan bien défini.
L'autre problème est que l'armée du Potomac va avoir bientôt un nouveau chef, qui,  lui, a tiré des leçons des revers de l'Union face à Lee...





















[/b]

Avant de commencer le CR, deux références :




Une approche synthetique avec des shemas, et surtout des analyses qui dépassent le cadre étroit de la bataille, en abordant des what if, et les logiques stratégiques de 1863.





Là, on est dans un extraordinaire récit de la campagne (avant , pendant et après) abordant tous les domaines,
mais aussi de la bataille dans sa complexité.
J'ai trouvé fascinant d'entrer au coeur des perceptions des divers leaders à chaque moment de ces trois jours,
et des logiques ayant présidé à leurs décisions.

Il s'agit bien d'une collision entre les avant gardes de deux armées qui ignorent presque tout de la situation de l'armée adverse.
L'absence de Stuart aura été un des facteurs décisifs, sa présence aurait permis aux confédérés de pouvoir différemment.


Le système:
En terme d'éléments de tables:
Il me parait, au premier abord,  à la fois complexe, voire très complexe, au sens premier du terme
(une multiplicité d'interactions entre des  systèmes assez simples au premier abord )
mais, de par son système d'activation par carte, original, probablement assez jouable.

J'ai imprimé les parties des tables et feuilles de jeu proposées dans les "files" sur BGG
(qui tiennent sur 4 A4 sur les feuilles dans la boite de jeu au prix de petits caractères)
en tout 10 feuilles A4, en plus gros caractères et parfois  sans ces couleurs qui assombrissent et rendent la lecture plus difficiles.

On est loin de l'unique feuille de GTS, rassemblant tout le nécessaire.

En terme d'intérêt conceptuel relativement au sujet représenté (ou simulé), l'avenir dira.
Mais pour avoir beaucoup joué cette bataille de Gettysburg avec d'autres très bons wargames,
j'ai l'impression (qui sera peut être démentie plus tard) que Hermann Luttmann et son équipe de testeurs
pourraient avoir fait très fort avec ce coup là.

La spécificité de cette bataille de la guerre de sécession, qui n'a rien à voir avec une bataille napoléonienne,
du fait de la puissance de feu des armes,
son imprévisibilité, l'étendue  géographique influant sur les problématiques de commandement,
aussi par le fait que c'est une bataille de rencontre, me semblent potentiellement être rendus d'une façon révolutionnaire et particulièrement pertinente.

Mais cela pourrait être aussi du "wishful thinking".

Enfin le matos est top, même la carte "coloriée" de Rick  Barber (malheureusement disparu en mai 2021)
est superbe.
C'est vrai que le jeu nécessite  une place exceptionnelle.

Le prix est élevé, mais pour ce qui est offert, c'est très probablement un investissement exceptionnel.